Comme tant d’autres professeurs d’allemand, j’en suis arrivée à un point où je me pose la question de mon devenir dans l’Education Nationale. Pourtant, j’ai à peine une dizaine d’années d’ancienneté dans le métier. Je me rappelle mon enthousiasme lorsque j’ai lu mon nom sur la liste des reçus au concours. J’allais pouvoir enseigner cette langue qui m’a toujours attiré, faire partager ma passion pour un pays et ses habitants si chaleureux, si accueillants. Je me souviens mon envie de faire aimer la langue à mes premiers élèves.
Un peu naïve, j’y croyais encore jusqu’à peu, pourtant déjà échaudée il y a quelques années par une suppression de poste. Je voulais y croire : toute mon énergie pour initier les élèves à l’école primaire, mais le budget pour payer les interventions dans le premier degré vient d’être supprimé à la rentrée 2010.
Toute mon énergie pour rendre vivant mon enseignement, pour promouvoir ma discipline. En allemand, ce ne sont pas les possibilités qui manquent : emmener les élèves au cinéma, planifier un échange, leur proposer un concours, les filmer, un menu allemand à la cantine, … A côté des heures en classe, des cours à préparer, des copies à corriger et des nombreuses tâches administratives inhérentes au métier et qui, chaque année se font plus nombreuses et plus astreignantes, mon agenda se remplit. Puis j’entends le couperet tomber, « vous avez suffisamment d’élèves pour avoir 2 groupes, alors il faut choisir : une heure de moins par groupe ou bien on mettra un quota pour que vous n’ayez qu’un seul groupe, vous comprenez la dotation horaire n’est pas prévue pour 2 groupes d’allemand ... ».
Je sais bien que je ne suis pas à plaindre, je connais trop bien les situations catastrophiques de certains de mes collègues enseignant sur plusieurs établissements, toujours sur la route, enseignant à des élèves de plusieurs niveaux dans le même groupe, question de rentabilité, mais toute cette énergie déployée pour rien m’exaspère.
Pour regarder ce que mon employeur me propose comme échappatoire à la fin annoncée de ma discipline ou à un avenir bien morose si je reste professeur d’allemand, je clique sur la rubrique Ressources Humaines du site de l’académie de Reims. Que pourrais-je bien devenir en restant dans l’enseignement ? Car j’aime ça, le contact avec les élèves, transmettre, communiquer des savoirs mais également apprendre aux élèves à vivre ensemble.
Un premier choix m’est proposé : me reconvertir dans une autre matière, dans la liste des disciplines porteuses dans la région, l’allemand … Je regarde alors les possibilités de mentions complémentaires : enseigner le théâtre, apprendre aux élèves en difficultés … uniquement des options dont on sait très bien qu’elles sont les premières à disparaître en ces périodes de restrictions budgétaires. Dernier onglet sur lequel cliquer : la seconde carrière des enseignants. Mais pour moi, il n’en est pas question, il faut enseigner depuis au moins 15 ans.
Tout plaquer et aller ouvrir une chambre et table d’hôtes sur la côte Atlantique, au moins, je pourrais assouvir mon autre passion pour la cuisine tout en hébergeant quelques allemands.
Devenir une prof je m’en foutiste et ne rien faire d’autre que le strict nécessaire jusqu’à extinction totale de mon vivier d’élèves.
Me battre pour un peu de considération et de respect pour l’enseignement de la langue maternelle la plus parlée en Europe et pour tous les collègues, qui comme moi, s’efforcent de faire leur boulot le mieux possible et en ont ras-le-bol de voir le boomerang leur revenir en pleine face.
un témoignage en ligne sur auboisementcorrect
« happée par la grande machine à broyer »
Aujourd’hui, la réalité du métier m’exaspère . Je me sens comme happée par la grande machine à broyer qu’est devenue l’Education Nationale et par ses contradictions : il faut relancer l’enseignement de l’allemand, les ministres successifs, les recteurs, les inspecteurs, les proviseurs et les principaux, se font les chantres de ces belles paroles.
Un peu naïve, j’y croyais encore jusqu’à peu, pourtant déjà échaudée il y a quelques années par une suppression de poste. Je voulais y croire : toute mon énergie pour initier les élèves à l’école primaire, mais le budget pour payer les interventions dans le premier degré vient d’être supprimé à la rentrée 2010.
Toute mon énergie pour rendre vivant mon enseignement, pour promouvoir ma discipline. En allemand, ce ne sont pas les possibilités qui manquent : emmener les élèves au cinéma, planifier un échange, leur proposer un concours, les filmer, un menu allemand à la cantine, … A côté des heures en classe, des cours à préparer, des copies à corriger et des nombreuses tâches administratives inhérentes au métier et qui, chaque année se font plus nombreuses et plus astreignantes, mon agenda se remplit. Puis j’entends le couperet tomber, « vous avez suffisamment d’élèves pour avoir 2 groupes, alors il faut choisir : une heure de moins par groupe ou bien on mettra un quota pour que vous n’ayez qu’un seul groupe, vous comprenez la dotation horaire n’est pas prévue pour 2 groupes d’allemand ... ».
« Alors à quoi bon prétendre vouloir relancer ma discipline »
Alors à quoi bon prétendre vouloir relancer ma discipline, si toute initiative est vouée à l’échec et si le nombre d’élèves est soumis à quota : Lorsque j’ai moins de 15 élèves, mon groupe n’est pas viable, on ne va pas me payer à enseigner devant 15 élèves alors que mes collègues des autres disciplines en ont 30. Lorsque j’ai plus de 30 élèves, désolé, il est impossible de créer 2 groupes ou bien mon horaire d’enseignement sera réduit.
Je sais bien que je ne suis pas à plaindre, je connais trop bien les situations catastrophiques de certains de mes collègues enseignant sur plusieurs établissements, toujours sur la route, enseignant à des élèves de plusieurs niveaux dans le même groupe, question de rentabilité, mais toute cette énergie déployée pour rien m’exaspère.
Pour regarder ce que mon employeur me propose comme échappatoire à la fin annoncée de ma discipline ou à un avenir bien morose si je reste professeur d’allemand, je clique sur la rubrique Ressources Humaines du site de l’académie de Reims. Que pourrais-je bien devenir en restant dans l’enseignement ? Car j’aime ça, le contact avec les élèves, transmettre, communiquer des savoirs mais également apprendre aux élèves à vivre ensemble.
Un premier choix m’est proposé : me reconvertir dans une autre matière, dans la liste des disciplines porteuses dans la région, l’allemand … Je regarde alors les possibilités de mentions complémentaires : enseigner le théâtre, apprendre aux élèves en difficultés … uniquement des options dont on sait très bien qu’elles sont les premières à disparaître en ces périodes de restrictions budgétaires. Dernier onglet sur lequel cliquer : la seconde carrière des enseignants. Mais pour moi, il n’en est pas question, il faut enseigner depuis au moins 15 ans.
« Tout plaquer et... »
Alors je pense à plusieurs solutions.
Tout plaquer et aller ouvrir une chambre et table d’hôtes sur la côte Atlantique, au moins, je pourrais assouvir mon autre passion pour la cuisine tout en hébergeant quelques allemands.
Devenir une prof je m’en foutiste et ne rien faire d’autre que le strict nécessaire jusqu’à extinction totale de mon vivier d’élèves.
Me battre pour un peu de considération et de respect pour l’enseignement de la langue maternelle la plus parlée en Europe et pour tous les collègues, qui comme moi, s’efforcent de faire leur boulot le mieux possible et en ont ras-le-bol de voir le boomerang leur revenir en pleine face.
un témoignage en ligne sur auboisementcorrect
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