vendredi 11 mars 2011

De la poudre aux yeux ?

Les problèmes en allemand ne touchent pas que l'académie de Reims, la preuve avec ce témoignage d'une enseignante de l'académie de Nantes, qui, une nouvelle fois, souligne les contradictions du système.


Professeur d'allemand dans un lycée du Mans, j’ai la chance d’enseigner la langue et la littérature allemande dans une toute nouvelle section Abibac ouverte en septembre dernier, sur la proposition de notre inspectrice. Il me semble important, pour bien mettre en relief ce qui suit, de souligner que cette création s’est faite sous l’impulsion de l’institution, et non des professeurs, même si nous nous sommes bien entendu fortement impliqués dans le projet dès que l’idée nous a été soumise et nous impliquons encore pour recruter des élèves, nombreux à être intéressés par cette possibilité de passer un double bac français -allemand.
Après la section de Nantes ouverte en 2006, celle du Mans en 2010, des moyens sont mis en oeuvre pour ouvrir, à la rentrée prochaine, une troisième section à Angers.

Quant aux classes européennes, nous savons tous les succès qu’elles rencontrent, il en existe une dans le lycée voisin au nôtre, avec des collègues qui s’engagent et contribuent à un recrutement important.

L'allemand se porte donc bien dans l'académie de Nantes ?

NON !!! Car si on monte des sections "poudre aux yeux", on sape le travail des collègues en collège et on ne donne pas les moyens horaires aux classes bilangues de fonctionner. Sans compter les tentatives de supprimer l'allemand LV2 en quatrième.

Nous entendons régulièrement les collègues se plaindre de ne pas avoir été autorisés à passer dans les classes de CM2 pour promouvoir l’apprentissage de l’allemand, sans parler bien sûr de l’inexistence de l’enseignement de l’allemand en école primaire…
Pour ce qui est des classes bilangues, il n’y a à ma connaissance aucun collège de l’académie qui ait dans sa DGH 6 heures pour dispenser les enseignements de LVA et de LVB, alors que ce sont les horaires préconisés pour un bon fonctionnement de ce concept.

L’enseignement de la LV2 est menacé depuis longtemps déjà par le classique « Anglais LV1 – espagnol LV2 », il ne faudrait pas oublier que d’autres langues – parlées par nos partenaires et voisins européens – sont proposées : l’italien et l’allemand ...

Dans un des collèges dont nous accueillons les élèves ensuite au lycée, l’allemand LV2 a été sauvé « de justesse » pour 2011-2012, uniquement parce que les professeurs principaux avaient déjà demandé aux enfants – et aux parents- quelle LV2 ils souhaitaient apprendre l’an prochain, et qu'il y avait suffisamment d'élèves pour maintenir un groupe ! Mais si ces demandes n’avaient pas été faites aussi tôt, on fermait tout bonnement, sans consulter les principaux intéressés : les élèves !

Tout cela, vous le savez sans doute, ce sont certainement des « anecdotes » que vous avez entendues, mais cela me semble fort peu cohérent avec les affichages politiques européens et surtout franco-allemands !

Quelles visées à moyens termes ?

Je dois avouer que je m'interroge vraiment sur les visées à moyens terme de cette politique:

Veut-on recréer des classes d'élite avec l'allemand en ne rendant accessible l'allemand qu'aux « bons » élèves ? S'enfonce-t-on dans le formatage et l'enseignement a minima ?

OUI au développement des classes européennes, OUI à la création de sections Abibac

MAIS QUI ACCUEILLERONS-NOUS DANS CES SECTIONS SI L’ALLEMAND DISPARAIT EN COLLEGE ?!

La situation dans notre académie n'est pas pire, je pense, que dans les autres, mais je suis personnellement face à des collègues de collège qui se battent au quotidien, qui s’investissent énormément et voudraient nous envoyer des élèves, mais me disent que leurs classes sont menacées.
Quelle cohérence ? Quelle réelle volonté politique ? A quoi sert de donner des moyens à des sections 'spécialisées' (où les élèves s'éclatent, il faut le dire aussi ! Ce sont eux nos meilleurs ambassadeurs !!) s’il n'y a plus d'allemand en collège ?!

1 commentaire:

  1. Ton témoignage suscite chez moi une prise de conscience. Comme on semble ne vouloir maintenir l'enseignement de l'allemand qu'à minima, les élèves concernés par les filières d'excellence (stages, ABIBAC, européenne) seront les bons élèves des classes bilangues ou les élèves dont les parents auront les moyens de leur payer des stages et des cours particuliers. Et après,on dit vouloir rapprocher les citoyens européens ?!!!

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